J'ai vu 5

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J'ai vu Lydie, j'ai vu Jérémie, j'ai vu Vincent, j'ai vu ma sœur et mes frères, j'ai vu ces moments de bonheur qu'on a passé ensemble, j'ai vu le bien que ça fait de se retrouver tous les 4, après toutes ces années passées ensemble à se battre, se disputer, s'aider, se protéger, en apprenant les uns des autres pour se rendre compte une fois devenus adultes qu'on s'Aime.

J'ai vu Laetitia, j'ai vu Richard, j'ai vu que je vous adore (toi aussi Ophé j't'adore).

J'ai vu l'Egypte, les pyramides, le Nil, les hiéroglyphes, les pharaons, le sphinx, ...

J'ai vu le Caire, ses taxis, ses mosquées, ses rues, sa cathédrale soudanaise, sa taille gigantesque, ses marchés, ...

J'ai vu le Soudan, ses épreuves, son régime politique, ses villages, ses bus 4x4, ses contrôles de police tous les 50m, ...

J'ai vu Khartoum, le Nil blanc, le Nil bleu, sa débauche d'ONU, ses trick-taxis, ses ONGs, ses expat', ...

J'ai vu l'Ethiopie, ses montagnes, sa richesse naturelle, ses pluies d'illuviennes, ses campagnes et ses montagnes riches et humides, sa Nile sea, ses nuages (j'en avais vu quasi aucun en Egypte et au Soudan), ses gorges du nile bleu, son patriotisme, la rift valley, le Météhara, ses femmes splendides, ...

J'ai vu Addis Abeba, ses quartiers populaires, ses rues pleines de vie, j'y ai entendu Bob Marley diffusé par les hauts-parleurs dans les rues, ...

Je vois maintenant Djibouti et je vous en parle bientôt.

J'ai vu l'Afrique, une micro partie en tout cas, et j'ai vu qu'j'ai aimé, énormément, j'ai vu qu'ça été dur quand même, j'ai vu que sur ce continent y'a pas de juste milieu et que tu dois faire appel à toutes tes ressources pour atteindre ton objectif, j'ai vu la vie humaine et naturelle mêlées l'une à l'autre à la campagne comme à la ville, et qu'ici le système D est développé à son paroxisme, j'ai vu et compris un peu mieux la logique d'Hakuna Matata, ... Ici, tout le monde me dis : « T'es en Afrique mon frère » pour expliquer tout ça et encore des tas d'autres choses navrantes, tristes, impressionnantes ou magiques.

J'ai vu 8 déserts, le blanc, le noir, ceux d'Agabat et de l'ouest, puis ceux du Sinaï, du Soudan, du Météhara et enfin celui Ethiopio-djiboutien. J'ai vu que finalement, y'a pas plus vivant que le désert, chaque arbre, plante, animal, insecte, homme y est une preuve que la Vie est forte.

J'ai vu que dans la sérénité, le calme et la tranquillité, je me suis retrouvé, avec un aigle pour me guider ; tous les soirs que ce temps a duré, installé sur une colline à m'épicer en regardant la lune blanche refléter sur la mer rouge, j'ai vu qu'j'ai fais le vide pour faire le plein.

Alors que je crois en Dieu depuis à peine 7 mois, j'ai vu l'ascension et le sommet du Sinaï, à son pied, j'ai vu et j'ai touché ce qui serait le buisson ardent. Tout au long de mon trajet, j'ai vu des coïncidences étranges, comme ma rencontre avec Rafik à la seconde même où je finissais la page du jour de 2 quand mon voyage commençait, comme ma rencontre avec Kheira alors que je n'avais pas dormi depuis plus de 30 heures mais que je n'avais pas sommeil, comme quand je suis entré dans la cathédrâle soudanaise en même temps que le pianiste qui venait répéter et qui chantait en jouant pendant que je priais, comme ce lever de soleil que j'ai vu par hasard le matin de mon premier jour en Ethiopie, comme encore tant de choses qui m'ont fais comprendre il y a 7 mois que la vie et la mort avaient un sens qui nous dépasse mais qui n'en est pas moins présent. A toi à qui l'on doit tout, je ne te donnerais pas de nom mais continuerais de te prier en te tutoyant et de te respecter en fonction de ma morale et de mon cœur (même si ceux-ci sont influencés par ma culture et mon éducation : il y a, je le crois, des valeurs humaines universelles que chacun choisi de respecter ou non ).

J'ai vu le soleil ; se lever : sur les déserts, sur le Sinaï, sur la mer Rouge, sur les montagnes éthiopiennes, être à chaque fois comme une naissance ; à son zénith : de plomb, fort et puissant, étouffant même, influençant la vie sociale africaine et illuminant ces si beaux horizons ; se coucher sur les déserts, sur les montagnes et les plaines, ouvrant le champs à une vie nocturne toute aussi riche voire plus que celle diurne dans ces pays africains.

J'ai vu la lune ; pleine, noire, de jour, de nuit, au coucher du soleil sur un ciel mauve en son bas, derrière les montagnes saoudies, lorsque vous m'avez déposés à Rachitane. Là-bas, j'ai vu qu'en l'observant, elle et son reflet, du haut de ma colline, je pensais à toutes ces femmes qui m'ont accompagné un temps de ma vie et me l'ont embellie. Blanche, éclatante, brillante et parfois aussi illuminante que son âme sœur découvrant alors un halo large et tout aussi brillant : j'ai vu à quel point elle était belle. Je l'ai même vue se lever alors qu'elle était pleine !  J'ai vu, quand j'ai souffert, qu'en la voyant j'ai hurlé et que ça faisait du bien.

J'ai vu les étoiles comme je ne les avais jamais vu, dans le désert : un ciel étoilé capable à lui seul d'illuminer l'immensité de sable et de rocailles, une voie lactée qui n'a jamais si bien portée son nom, ressemblant à un nuage traversant de part en part ton champs de vision, des étoiles filantes par centaines et je serais même tenté de dire par milliers mais là, j'exagèrerais, toutes les constellations visibles d'un coup d'œil. J'ai vu l'une des plus belle merveille que nous offre Gaya.

Mais bordel, j'ai au moins 3 guides des étoiles et j'ai vu que j'ai oublié de m'en prendre un pour mon trip, c'est con ! J'ai quand même vu qu'à part ça et une clé usb, je n'avais rien oublié et même mieux : quasi tout ce que j'ai emmené m'a servi et me sert encore : à croire que de devenir infirmier m'aura appris à m'organiser.

J'ai vu que Gaya souffre, énormément, et c'est rien de le dire : je l'ai vu en snorkant dans la mer Rouge et en voyant l'état du corail, délabré lorsqu'il n'est pas protégé pour des besoins touristiques ; en traversant l'Afrique et en voyant des champs entiers de sacs plastiques à perte de vue, ceux-ci, emportés par le vent s'accrochant aux clôtures et aux arbres ; en voyant les gaz noires s'échappant de voitures parfois si anciennes qu'elles pourraient être des collectors ; en voyant les ordures jetées partout par les gens dans ces pays où la priorité est très loin de l'écologie ; en voyant des nappes de pétrole sur la mer à Djibouti, ...

Gaya est malade, ne croyez pas tous ces buzinesseurs qui le savent mais veulent nous rassurer pour ne pas faire chuter la consommation et ainsi accumuler suffisamment de pognon qui leur permettra de se protéger un temps quand les conséquences seront réellement terribles.

Sur tout mon trajet, j'ai vu plus d'armes que de regards bienveillants.

J'ai vu la chance qu'on a en France d'interdire les armes à feu, mais qu'on en perd la conscience qu'on est quasi les seuls sur Terre et que quasi partout on peut donner la mort en appuyant sur un bouton.

J'ai vu des regards haineux, des regards vides, des regards sympathiques, des regards en pleurs, des regards sombres, des regards étincelants, des regards hésitants, des regards confiants, des regards aveugles, des regards hagards, des regards dangereux, des regards envieux, des regards curieux, des regards amoureux, ... J'ai vu tant de miroirs de l'âme que j'en ai beaucoup appris sur l'Homme.

J'ai vu l'Enfant, je l'ai vu souffrir de faim, mendier, voler, ramasser des cacahuètes par terre pour s'en nourrir, se déshydrater pendant plusieurs heures sous des températures terribles pour un si petit être, je l'ai vu jouer, je l'ai vu se battre, je l'ai vu endoctriné au point de me prendre pour le diable et de vouloir me caillasser, je l'ai aussi vu sourire et rire : la plupart des regards bienveillants que j'ai vu, c'était dans leurs yeux ; je l'ai vu curieux, je l'ai vu danser, je l'ai vu jouer et rire avec moi, j'en ai vu un me bénir, j'ai même vu que j'avais un certain de succès avec les petites filles dont certaines disaient qu'elles voulaient venir avec moi. J'ai vu que l'enfance ne dure pas longtemps quand la vie est rude.

J'ai vu la Femme, je l'ai vu souffrir de l'Homme, mendier, se prostituer, être mère à 16 ans, ne pas trop s'attacher à son enfant pour ne pas trop souffrir de sa mort (la mortalité infantile est aberrante en Afrique), je l'ai vu voilé sur tout le corps, ne laissant voir que le regard, j'ai même vu la bourca, je l'ai vu vouloir coucher avec moi et me virer parce que je ne voulais pas (j'ai vu que si je l'avais fait j'aurais eu l'impression d'être un gigolo), je l'ai vu pleurer, perdue, passer un cap important de sa vie, j'ai vu 3 vénus me faire du charme, je l'ai entendu chanter en travaillant, j'ai vu tellement de femmes superbes que la tête m'en tourne encore, j'ai vu qu'en Ethiopie pour ça c'est la folie. J'ai vu Kheira et je sais maintenant qu'un jour mon cœur se réouvrira.

J'ai vu l'Homme, je l'ai vu souffrir de faim, d'oppression, de maladie, d'alcoolisme, de fanatisme, de chômage, de tortures, de pauvreté, d'aveuglement, d'analphabétisme, de lui-même, ... Je l'ai vu mendier, estropier, escroquer, voler, se battre, chômer mais aussi travailler plus dur que quiconque, donner sans attendre en retour, se démerder par tous les moyens possibles pour vivre ou survivre, ... Je l'ai vu violent, agressif, dénigrant, arrogant une arme entre les mains, drogué, fanatique, hilare,  sympathique, bavard, protecteur, ... Je l'ai vu faire de la femme l'égal d'un animal, je l'ai vu être d'une telle générosité que j'en ai été touché en plein cœur, je l'ai vu prié, ... Je l'ai vu faire, je l'ai vu être, je l'ai vu vivant.

J'ai vu qu' « on est la merde de ce monde prête à servir à tout » ! (avis aux connaisseurs) Et en ce qui me concerne, j'ai vu qu'j'ai décidé de servir à la Vie, par la santé, par le chant, et par l'écris. J'ai vu que j'utilise chacun des 3 comme jamais depuis que je suis parti et j'ai vu qu'apparemment mes « j'ai vu » vous plaisent, alors j'ai vu que j'vais rendre à César ce qui est à César (sans doute le seul dictateur ayant utilisé son pouvoir pour le peuple) et à Grand Corps Malade ce qui est à Grand Corps Malade : l'idée de mes « j'ai vu » vient de son album, d'un slam qui s'appelle « voyages » je crois, où ils posent par j'ai vu.

J'ai entendu l'arabe, l'anglais, le nubien, l'allemand, l'espagnol, le japonais, l'amarik, l'oromo, le somali, l'afart et le français. J'ai vu qu'en France, on est des benêts de se concentrer sur notre seul langage, j'en ai entendu tellement de différents et beaux que je me rends compte que même si c'est galère pour se comprendre avec toutes ces langues, ils en forment un charme indéniable de notre Humanité : j'ai vu que si l'Homme était symbolisé par une Femme, les dialectes en seraient ses yeux.

J'ai vu d'innombrables cultures, traditions, façons de vivre et de penser, d'échanger et de respecter, de prendre et de donner, ... Ca aussi c'est un de nos charmes, ce serait le regard de notre Homme-Femme.

J'ai vu que loin des yeux n'est pas loin du cœur, ce serait même presque l'inverse, j'ai vu que vous me manquiez, j'ai vu qu'je vous Aime quelquechose de dingue ! Mais que je ne rentrerais pas pour autant avant d'avoir accompli ce pourquoi je suis ici.

J'ai vu qu'atteindre un objectif aussi lointain te rends fort et fier, j'ai vu qu'en me regardant dans le miroir en prenant ma douche, mes yeux brillaient de tout ce qu'ils avaient vu, j'ai vu que j'ai éclaté de rire : faut être taré quand même ! Avant de partir, j'avais posé ma carte par terre et avais vu que mon itinéraire faisait à peu près 3 de mes pieds, une fois arrivé, je l'ai ressortie, j'ai pris une règle et j'ai enfin osé mesuré : j'ai vu qu'j'ai parcouru 93 cm sur une échelle où chacun représente 40 km : je vous dispense du calcul, ça fais 3720. 3720 km ! J'ai vu que WAOW ! Il m'aura fallu plus que 3 pas pour faire le trajet !

J'ai vu que je me suis vu autant que j'ai vu. J'ai vu ce dont j'étais capable et ce dont j'étais incapable. J'ai vu qui je suis.

J'ai vu la Vie !